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Le futur proche des véhicules autonomes, entre 5G et Internet des Objets

          En quittant la déclinante ère sociale d’Internet, nous entrons dans la troublante ère de l’Internet des Objets, un nouveau territoire à la croisée entre un réseau, les objets qui y sont connectés et leurs utilisateurs. Dans ce modèle, les objets connectés communiqueront entre eux à grande vitesse, et sans intervention humaine, favorisant l’automatisation de nombreux système – du domaine de la santé aux industries en passant par les réseaux de transports.

Ce vivier d’innovations entrecroisant de nombreux secteurs arrive à point nommer pour faciliter la démocratisation des véhicules autonomes. Un futur étonnant et automatisé, bientôt mis à l’épreuve de la confiance des utilisateurs.

La 5G : clé de cette nouvelle ère

D’après une étude de l’École Polytechnique de Zurich, l’arrivée de la 5G et le déploiement des objets connectés pourraient interconnecter 150 milliards d’objets en 2025. Et ces objets ne se résument pas aux smartphones : on y trouve aussi les frigidaires, infrastructures routières, équipements médicaux, capteurs météos… La liste est longue, et la voiture autonome y figure en bonne position.

À la clef de cette myriade d’instruments connectés : une  accélération considérable du transfert des informations, et une autonomie accrue de tout les systèmes qui nécessitent aujourd’hui une organisation humaine parfois fastidieuse.

 

Le défi actuel de la voiture autonome réside dans la vitesse de réception et d’émission des informations. Pour réagir à temps avant que l’accident ne survienne tout en conservant une conduite optimisée, ces véhicules ont besoin d’une mise-à-jour constante sur l’état du trafic routier, la position des utilisateurs, ou encore l’état du moteur. Coup de chance, la technologie permettant de transférer toutes ces informations existe déjà, et sera implantée sur les réseaux de télécommunication dès l’année prochaine : il s’agit de la 5G.

5g

Succédant à la technologie de télécommunication mobile 4G, la 5G est présentée comme la prochaine révolution en matière de communication. Au grand minimum 10 fois plus efficiente que la 4G, cette cinquième génération permettrait dès début 2020 d’accéder à une vitesse d’échange de données inédite ; en septembre 2018, une expérimentation grandeur nature pilotée par China Telecom à Shenzhen démontrait un débit entre 1 et 3 gigabits par secondes, contre 100 megabits par seconde en moyenne avec la 4G. Au delà de ce test, le réseau 5G pourrait en théorie atteindre un débit de 50 gigabits par secondes.

Que faut-il retenir de ces chiffres ? Que la 5G permet de faire circuler l’information vite, très vite. Et comme nous l’avons vu, les véhicules autonomes dépendent presque entièrement de leur accès à l’information pour assurer une conduite sûre et efficiente. Pour prévenir les pics de circulation et assurer des itinéraires optimisés, la voiture autonome doit garder un aperçu constant du trafic, en temps réel. Pour respecter les limitations de vitesse, la voiture autonome doit savoir en continu quelles réglementations elle doit respecter sur son territoire. Pour prévenir l’usure de ses pièces, la voiture autonome doit s’auto-diagnostiquer régulièrement et partager les données résultantes avec les modèles similaires. Plus encore, les voitures autonomes sont plus efficaces si elles communiquent entre elles : en s’indiquant des parcours impraticables, des accidents, ou encore en se proposant conjointement des auto-améliorations suivant leurs expériences de routes respectives.

Une voiture dite « intelligente » a besoin de combiner trois types de connexions pour une circulation efficace, coopérative et sécurisée : une connexion véhicule à véhicule, véhicule à piéton et véhicule à infrastructure, le tout rassemblé sous l’appellation « V2X » dans le milieu automobile. Vous l’aurez compris, la notion de coopération entre les véhicules autonomes est un point important de cette technologie dite « Vehicle-to-Everything ». La problématique éthique qui en résulte est importante : le prix à payer pour un réseau routier dé-saturer et optimisé est de partager en continu les informations sur l’ensemble de nos déplacements.

La voiture autonome au pays de l’Internet des Objets

Pour mieux comprendre à quel point la 5G et l’Internet des Objets pourraient accélérer le quotidien des utilisateurs, voici une mise-en-situation :

Vous envoyez un courriel à vos collègues de travail, les invitants à une réunion le lundi à 9H30 dans un lieu excentré du point de rendez-vous habituel. La boîte mail des personnes concernées enregistre directement l’information dans leur agenda. Une flotte de voitures autonomes reçoivent l’information également : elles devront emmener ces personnes jusqu’à la réunion. Sachant par avance qu’elles seront sur les routes de 8H30 à 10H (le temps de passer chercher vos collègues, de les amener au lieu demandé et de faire le trajet jusqu’à leur prochaine course), la flotte de voitures autonomes transmet les trajets aux autres voitures de l’agglomération, afin qu’un algorithme détermine les meilleurs horaires et trajets de toutes les voitures, évitant la formation de bouchons dans les rues de la ville.

La 5G et la voiture autonome

Par malchance, l’une des voitures autonome de votre flotte est victime d’une panne lors de votre trajet. L’information est transmise immédiatement au service de réparation disponible le plus proche, tandis qu’une voiture de remplacement est automatiquement invitée à rejoindre le lieu de la panne pour vous amener au bout de votre trajet en laissant un temps d’attente minime.

Ces actions s’effectuent automatiquement et quasi-instantanément, facilitée par la rapidité du transfert de l’information qu’offre la 5G. Pour les humains utilisateurs, les efforts sont limités à l’envoi d’un courriel et quelques validations sur une app mobile pour accepter ou non les courses proposées.

 

L’Internet des Objets, supporté par et supportant le réseau 5G, couvrirait un maillage extensif des activités humaines, dont les catégories sont toutes intriquées les unes aux autres. Sont compris dans le champ d’utilité de l’IdO : industries, domotique, agriculture, réseautique, santé, logistique, et bien sur transports autonomes.

La confiance en l’automate

L’arrivée du réseau 5G et de l’Internet des Objets en général porte son lot de problématiques éthiques et écologiques. Encore loin d’adresser ces préoccupations, c’est la confiance du public qui est aujourd’hui la cible stratégique des entreprises en charges du développement de cette nouvelle ère cybernétique.

À l’occasion d’un entretien auprès de TechCrunch, le CTO de Waymo, Dimitri Dolgov indique que la confiance des utilisateurs se gagnera en rendant indispensables les outils concernés. Il indique notamment que « au fur et à mesure qu’un grand nombre de personnes pourront faire l’expérience des nouvelles technologies, elles deviendront indispensables ». Il mise sur une phase d’expérimentation du public pour le laisser être apprivoiser par ces technologies : « le fait de pouvoir expérimenter les nouvelles technologies est quelque chose de très rassurant pour les personnes. Cela peut totalement changer leurs attitudes et les rendre prêts à utiliser nos véhicules autonomes. Je pense donc que la pratique permettra ce point de basculement naturel. Au fur et à mesure que la technologie se répandra et qu’un plus grand nombre de personnes pourront en faire l’expérience, cela deviendra utile. »

 

Il serait étonnant pour une entreprise de se refuser la facilité des transports autonomes, vu l’efficacité que ces derniers semblent proposer, et il en va de même pour les usages particuliers. Entre un Uber Pool sans chauffeur et son équivalent plus onéreux avec un humain derrière le volant, quel choix feriez vous ?

La réponse peut sembler évidente, mais soulève des points éthiques épineux : pour régler les problèmes de circulation, il vous faudra partager toutes vos informations de déplacement, professionnelles ou privées. Il faudra aussi vous accommoder d’un réseau 5G dont la neutralité écologique fait encore débat… Alors que cette technologie permettrait de réduire considérablement les dépenses énergétiques en optimisant la production et la logistique, de récentes études de l’organisation Suisse Pro Natura, faisant suites aux publications de la revue Scientific Reports en 2018, indiquent que les fréquences utilisées par la 5G sont néfastes voir mortelles pour une large majorité des insectes qui y sont exposés.

Comme nous l’avons observé plus haut, la principale préoccupation de Dimitri Dolgov (et d’autres entrepreneurs des objets connectés) est d’acquérir avant tout la confiance du public. D’où la nécessité de trouver un équilibre entre partage des données, impact écologique, et cette alléchante promesse de vies facilitées et accélérées par la technologie.

 

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